Tirer plus ou tirer mieux ?
Un tiraillement qui a trouvé quelques réponses, mais toujours sans certitude absolue. Regardons comment les clubs de Ligue 1 se comparent au reste de l'Europe en la matière.
Charles Reep, précurseur de l’analyse de données footballistiques, a développé ses théories en observant et annotant plus de 2500 matchs. Ses travaux donnèrent naissance à la théorie du long ball, un style de jeu direct qui vise à maximiser les buts en limitant la construction et en augmentant la cadence des tirs. Des conclusions en parties biaisées par une vision étriquée et un manque de profondeur dans ses données.
Une de ses principales interrogations n’en reste pas moins valide : le decision making. Quand doit-on déclencher un tir en phase offensive ? Plus vous avancez, plus vos tirs sont menaçants, mais plus le risque de perdre la balle grandit, au risque d’annihiler la phase de construction en amont.
Avec l’arrivée des expected goals, on a vu la part des tirs en dehors de la surface décroître1, au profit de tirs plus rapprochés, plus «rentables», notamment en passant par les côtés ou les half spaces2. Un débat cependant loin d’être clos3.
Toujours à l’aide des xG, observons la situation pour les équipes des 5 grands championnats. Pour ce faire, on décompose les non penalty xG par match (soit le nombre théorique (et décimal) de buts qu’aurait pu marquer une équipe avec ses tirs) :
Nous avons divisé notre graphe en 4 zones, séparées par la médiane des deux composantes.
Surtout, nous avons tracé des courbes à xG constant mais en faisant varier ses deux composantes. On peut alors voir les écarts tactiques entre des équipes disposant d’un même potentiel offensif : Brest (actuel 2e du championnat) et Reims (9e) par exemple.
La comparaison avec les autres championnats éclaire également. Outre des répartitions d’équipes parfois opposées (entre la Premier League et la Serie A par exemple), on note des configurations atypiques chez des équipes comme Liverpool, Manchester City ou le Real. Elles se démarquent de l’Inter ou du Bayern en ce qu’elles «privilégient» le volume. Un schéma typique des formations évoluant avec un faux 9 ou sans buteur attitré. Un choix volontaire pour des équipes coachées par de grands tacticiens, mais qui peut évoluer dans le temps (City ou le Bayern) en tenant compte des spécificités de l’effectif ou des opportunités du marché des transferts. C’est pour cette raison que l’arrivée de Haaland à City, sous les ordres de Guardiola, a pu interpeller4.
Chez Liverpool ou le Real, le danger est réparti entre de nombreux joueurs. Une équipe comme City a longtemps évolué sans véritable 9, un schéma qu’on retrouve encore cette saison à cause des absences de Haaland pour blessure.
Après une saison mitigée avec Mané en faux 9, le Bayern s’appuie désormais sur Kane. Cela n’empêche pas les Bavarois d’être proches de perdre leur titre national au profit du Bayer Leverkusen de Xabi Alonso.
AU PSG, même positionné en 9, Mbappé occupe peu la petite surface. Kolo Muani offre une alternative radicale qui n’a pas convaincu son entraîneur. Gonçalo Ramos propose un profil intermédiaire. Il sera intéressant de voir comment le club se reconstruira après Mbappé.
Le lien de la semaine
Le decision making en football vous intéresse ? Allez faire un tour sur cet outil interactif afin d’explorer les possibilités en fonction de l’équipe et de la situation.