Déjouer les pronostics ?
Prendre en compte les cotes des matchs permet de relativiser certaines statistiques et de mieux cerner la dynamique sportive d'une équipe. Explications.
Il existe de nombreuses sources de données exploitables en football. Cela va des plus sophistiquées, comme les StatsBomb 3601, à des tables agglomérant les statistiques par match et par joueur, comme celles de FBRef/Opta. Au sein de ce vaste éventail, on en trouve aussi des plus exotiques, comme les cotes des paris sportifs, pour lesquelles j’ai toujours eu un faible.
Encore faut-il s’entendre sur ce qu’elles représentent exactement. Pour le dire simplement, les opérateurs qui fixent les cotes ne cherchent pas tant à capturer la logique sportive que le volume des différentes mises. Si les cotes correspondent à leurs attentes, ils peuvent alors payer les gagnants avec l’argent des perdants, prélevant leur marge au passage. Un équilibre qui repose autant sur des considérations sportives que psychologiques. Parmi les nombreux biais à prendre en compte, citons le favorite-longshot bias2, qui veut que les parieurs privilégient les outsiders en comparaison de leur chance réelle de gagner.
Si l’on écarte ces quelques écueils, les cotes nous renseignent à peu de frais sur les forces en présence. Un indicateur utile pour nuancer les statistiques d’un match mais aussi pour évaluer les performances d’une équipe au regard des attentes placées en elle, notamment en comparant les «points espérés», obtenus à partir des cotes pondérées (et préalablement délestées des marges de l’opérateur).
Sans surprise, on retrouve les Brestois en sur-performance (+10,5 points) et les deux olympiques bien loin de leurs standards : -5,4 points pour les Marseillais, -8,7 pour les Lyonnais.
Pour mieux cerner les raisons de ces contre-performances, on peut regarder comment les olympiques se comportent face à leurs adversaires. On va utiliser les cotes pour déterminer si une équipe est favorite, outsider ou si la rencontre est jugée indécise.
Prendre la cote maximale (le mode) pour déterminer le favori est l’option la plus simple. Malheureusement, il y a un décalage trop grand entre le mode des mises (114 victoires, 66 défaites, 0 nuls) et les résultats finaux (55 nuls sur 180, soit 30 %). On prépare donc un modèle linéaire qui transforme les cotes en différence de but attendue. On utilise ensuite des seuils pour retrouver nos 30 % de matchs nuls.
Pour l’OM, le mal se situe surtout dans les matchs indécis, que l’équipe a quasi-systématiquement perdu : ses deux face-à-face contre Monaco, les matchs à l’extérieur contre Lens, Nice et Lyon.
Hormis une victoire face à Marseille, les Lyonnais n’arrivent pas plus à s’imposer dans les rencontres indécises. Au-delà, en étant favori 7 fois, ils ont perdu 2 fois (Lyon - Clermont et Lyon - Montpellier) et fait 3 nuls.
Une tendance qui pourrait rapidement s’inverser au vu des investissements massifs de l’équipe durant le mercato hivernal3 et des premiers résultats encourageants de ce début d’année.
Le lien de la semaine
Dans sa newsletter expectinggoals, Michael Caley a récemment analysé le temps de jeu des remplaçants dans les grands championnats européens. Un facteur crucial depuis le passage généralisé à 5 remplacements possibles par match4.
StatsBomb, présentation des «data 360».
Erik Snowberg, Justin Wolfers, Explaining the favorite-longshot bias, National bureau of economic research, avril 2010.
Ouest-France, L’OL est le club européen qui a le plus dépensé cet hiver, une première, 2 février 2024.
Le Parisien, Football : la règle des cinq changements par match va devenir permanente, 4 février 2022.