Mercato parisien, vers un nouveau paradigme
Après 13 années sous la houlette de QSI, marquées par des ambitions européennes contrariées et des tensions internes, le PSG poursuit sa mue à travers le marché des transferts.
Le club de la capitale a changé de braquet depuis son rachat par Qatar Sports Investments en 2011. Rapportés en données annuelles, le nouveau riche pèse près de 30% des dépenses totales du championnat depuis son arrivée, soit plus de 2,2 milliards investis quand, dans le même temps, la ligue dans son ensemble a dépensé autour des 7,5 milliards.
Un ratio impressionnant qui cache des changements récurrents dans la politique d’investissement, opérés au rythme de la valse des entraîneurs et des directeurs sportifs. Chacun a pu, pour un temps au moins, imposer ses préférences (le marché italien pour Leonardo, le Portugal chez Campos, les joueurs allemands pour Tuchel, …), tout en composant avec une direction qui a souvent joué sa propre partition, guidée par une volonté double de remporter rapidement la Ligue des champions et de promouvoir la Coupe du monde 2022. Si la coupe aux grandes oreilles échappe encore aux Parisiens, la venue de Neymar, Mbappé, Messi ou encore Di Maria pour ne citer qu’eux, a permis à l’équipe de s’asseoir à la table des plus grands (tout du moins au bout de la rallonge) et d’acquérir une stature internationale.
Pauvre petite fille riche
Un privilège chèrement acquis si l’on se réfère au bilan purement comptable des transferts sur cette période. Sur la cinquantaine de joueurs qui ont connu une arrivée puis un départ (avec au moins un transfert payant sur les deux opérations), Paris affiche une balance largement déficitaire, à hauteur de 760 millions d’euros. Seules 14 de ces transactions ont été positives. Acheté seulement 12 millions, c’est Marco Verratti qui a dégagé le plus gros bénéfice après sa revente pour 45. Un chiffre à prendre avec un peu de recul, puisqu’il a été cédé au club d’Al-Arabi… au Qatar #complot. À l’inverse, il a fallu débourser 400 millions d’euros pour le tandem Neymar - Mbappé. Ce dernier est finalement parti libre à 25 ans et Neymar s’est engagé du côté de la Saudi pro league pour 90 millions d’euros (une affaire si l’on considère la déliquescence du joueur entre-temps).
Un tableau peu flatteur mais qui ne raconte pas toute la vérité. Au-delà de l’inflation galopante du marché, le PSG subit, à l’instar des clubs anglais, une surtaxe qui voit les prix s’envoler en fonction du potentiel acquéreur et non de la seule logique sportive (poste, âge, durée de contrat, …) ou même marketing. Autre écueil que ne révèlent pas ces données, un joueur gratuit coûte aujourd’hui très cher en contrats et primes à la signature : Mbappé et son renouvellement en 2022 en est la parfaite illustration. Au-delà de ce cas emblématique, Paris a longtemps payé des salaires trop élevés afin d’attirer des joueurs de classe mondiale. Enclenchant un cercle vicieux qui va par la suite forcer le club à brader ces mêmes joueurs pour alléger sa masse salariale.
L’âge de raison ?
Un engrenage dont cherche aujourd’hui à s’extraire le PSG, en misant sur la jeunesse plus que sur des joueurs confirmés souvent défaillants ou difficiles à cadrer (Skriniar, Neymar, Messi, …). L’âge moyen des joueurs recrutés a nettement baissé depuis les trois dernières saisons et oscille désormais autour des 21 ans. Pour autant, les prix d’achat restent très élevés (50 millions pour Désiré Doué, 40 pour Willian Pacho, 60 pour Neves, …).
Une politique vertueuse qui n’efface pas les déboires du club avec ses jeunes, l’Île-de-France reste un vivier de talents sur lequel le club n’arrive toujours pas à capitaliser pleinement. Faute d’une intégration réussie au sein de l’effectif professionnel, les jeunes du centre de formation préfèrent souvent s’exiler (Nkunku, Coman, Simons, …).