Comment les joueurs font-ils avancer le ballon ?
Joueur «balle au pied» ou passeur ? Deux profils en partie contraints par le poste occupé ou le système en place. Explications.
Dans le football, il y a deux façons de faire avancer le ballon, et donc le jeu :
«Balle au pied» ou en dribblant,
Par des passes ou des centres.
Nous allons analyser la répartition de ces deux composantes chez les joueurs de notre championnat. Pour ce faire, nous partirons des flux d’events (Whoscored/Opta) des matchs déjà disputés cette saison.
Mais avant, détaillons notre modus operandi :
Nous considérons uniquement les joueurs ayant disputé au moins 5 * 90 minutes, afin d’écarter les échantillons trop faibles.
Avec les actions réussies suivantes (dans la nomenclature socceraction) :
les dribbles (progression balle au pied d’au moins 3 mètres) et les take-on (dribbles) pour ce qui concerne la progression du jeu balle au pied,
Les passes et les centres pour la catégorie des passes.
Dernier point, nous allons raisonner en distance et non en distance progressive (distance relative au but adverse). La nuance est notable, d’autant plus que les analystes ont tendance à utiliser cette dernière, plus appropriée pour quantifier l’apport d’un joueur.
Le rôle-clef de la position…
Plusieurs choses. En premier lieu, la prédominance attendue de la passe sur le dribble en termes de distance parcourue. En moyenne sur un match, un joueur fait cheminer le ballon de 200 mètres en dribblant contre 528 mètres par la passe.
L’importance de la position est remarquable. Elle est ici mise en avant par les couleurs. Les défenseurs centraux font beaucoup plus avancer le jeu : 993 mètres par 90 minutes, contre 329 mètres pour un buteur par exemple. Rien d’illogique, ils opèrent dans un champ bien plus vaste, et même à l’ère du «gegenpressing», ils restent moins pressés que les autres joueurs.
Ils utilisent proportionnellement beaucoup moins le dribble : 21% des distances parcourues par le ballon, contre pas loin du double pour les ailiers (40%) ou les buteurs (37%). Si la progression par des passes apparaît comme plus rapide et plus «efficace», les joueurs offensifs manoeuvrent dans des zones denses en adversaires, où trouver et se coordonner avec ses partenaires devient trop périlleux. La capacité à évoluer ou à éliminer balle au pied devient alors prépondérante, notamment pour rompre le bloc adverse.
… Et du profil du joueur
Restent néanmoins des différences sensibles entre plusieurs joueurs occupant le même poste. Avant tout, car il s’agit d’une qualification nébuleuse. La position d’un jour peut varier d’un match à l’autre, voire au cours d’un même match (nous avons retenu ici le poste le plus souvent occupé par un joueur au coup d’envoi). Le cas de Kylian Mbappé est révélateur. S’il est habituellement catalogué comme un ailier, il occupe actuellement un poste de n°9, en remplacement de Ramos et Kolo Muani, peu utilisés par Luis Enrique malgré la valeur cumulée de leurs deux transferts (160 millions d’euros). Cela s’ajoute à la volonté de Kylian Mbappé de ne pas être un simple pivot dans le jeu offensif de son équipe, rôle parfois dévolu aux 9, mais de remonter le ballon en partant de plus bas. Il en résulte pour lui des statistiques assez éloignées d’un 9 standard.
Pour continuer sur le club parisien, beaucoup de ses joueurs se détachent dans le graphe ci-dessus : Marquinhos (1 600 mètres par match avec des passes, 386 mètres balle au pied), Danilo ou Dembélé (405 mètres balle au pied). Un symptôme de la domination du PSG dans notre championnat, ses adversaires préférant rester en bloc bas et regroupé face à elle.
Le lien de la semaine
L’excellent compte DATA’Foot a publié récemment une instructive vidéo en français pour tout comprendre aux statistiques présentes sur le site FBRef.