Bo-ring!
Trouver l'équipe la plus ennuyeuse de Ligue 1 n'est ni compliqué, ni vraiment surprenant. L'analyse de la dimension spectaculaire de notre championnat réserve toutefois quelques enseignements.
«Si tu regardes longtemps l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi», écrivait Nietzsche. Les supporters niçois sont prévenus. Eux dont l’équipe de coeur est la plus ennuyeuse de Ligue 1 cette saison. En tout cas, celle dont les rencontres sont les moins prolifiques en buts : 1,81 en moyenne, en combinant les pions niçois (BP) à ceux de leurs adversaires (BC).
Pourtant, l’arrivée de Francesco Farioli - le doppelgänger de Roberto De Zerbi - laissait présager d’un spectacle réjouissant. Las, après 26 journées, les matchs des aiglons sont les seuls à ne pas atteindre le seuil des 2 buts combinés.
De l’autre côté du classement, on trouve un PSG hors-concours, tant son attaque survole le championnat. Plus inattendu, les merlus pointent à la deuxième place, avec une jolie moyenne de 3,23 buts combinés par match. Rafraîchissant. Même si le spectacle doit laisser un arrière-goût amer à leurs supporters, au vu du ratio BP (1,35 but pour) / BC (1,88 but contre).
Il faut être deux pour danser le tango
Car pour concourir au titre de l’équipe la plus spectaculaire, il faut idéalement encaisser et marquer beaucoup à la fois. Les Bretons sont effectivement la pire défense de la ligue cette saison, avec 49 goals encaissés en 26 journées. Ils font également bonne figure en termes offensifs : 35 buts, c’est autant que le RC Lens, et presque autant que les Brestois (36) ou Lille (37).
Pourtant, si l’on se fie aux xG, Lorient semblait très mal embarqué. Avec 2,52 xG+xGA (A pour against), ses matchs se situent à peine au-dessus de ceux de Nice (2,49), soit dans les tréfonds du spectaculaire «attendu».
Pour y voir plus clair, projetons l’écart entre les buts attendus et les buts effectifs sur un graphe, avec :
la différence BC-xGA entre les buts contre et les xGA sur les abscisses
et celle des buts marqués avec les xG en ordonnée (BP-xG)
Plus une équipe est au centre, plus elle s’est comportée comme le modèle des xG, c’est notamment le cas de Rennes. Lorient a concédé et marqué beaucoup plus que prévu, d’où son émergence dans le classement final des équipes les plus spectaculaires. Pour se hisser au sommet de l’ennui, Nice a, quant à elle, pris la direction opposée.
Les hommes de Régis Le Bris ont largement sur-performé en attaque avec une différence BP-xG de +7,3, notamment grâce à Romain Faivre (+2,2) et Éli Kroupi (+1,5). Seul le PSG fait mieux avec +7,7. Pour prendre la mesure de cette performance, il suffit de la comparer aux autres écuries de Ligue 1 : 14 sur 18 ont une différence BP-xG négative (toutes celles situées dans la moitié basse du graphe).
Au niveau défensif, on peut être tenté d’attribuer les largesses des merlus au seul Yvon Mvogo, le gardien de l’équipe. On aurait tort. Si la différence BC-xGA est énorme (+8,9), il faut la relativiser à l’aune des PSxG :
BC : 49
xG : 40,1
PSxG : 47,1
Yvon Mvogo a encaissé 2 buts de plus que les PSxG, ce qui en fait un gardien médiocre sur sa ligne, mais pas catastrophique. En revanche, un tel écart entre xG et PSxG tend à montrer que les joueurs de champ sont trop laxiste dans le pressing et permettent à leurs adversaires d’exploiter au mieux leurs positions de tir.
Le lien de la semaine
Google DeepMind vient d’annoncer la mise au point de TacticAI, un système d’IA développé en collaboration avec Liverpool et à même de conseiller les entraîneurs sur les corners.